Les énergies renouvelables, une vraie opportunité pour les entreprises
Depuis décembre 2012, le gouvernement français a mis en place une stratégie sectorielle pour l’export. Six familles (ville durable, santé, agroalimentaire, communication, industries culturelles et créatives et tourisme à l’export) ont été constituées. Elles fédèrent les PME de chaque secteur pour structurer une offre française globale et une image de marque à l’export. Les énergies renouvelables sont la septième famille.
Interview de Jean Ballandras, fédérateur « Énergies renouvelables » pour le commerce extérieur.
Comment les innovations dans le domaine de l’énergie favorisent-elles des innovations dans d’autres secteurs ?
L’innovation est avant tout technologique et est de plus en plus diverse. Il y a quelques années, l’éolien et le photovoltaïque étaient les fleurons du secteur. Aujourd’hui, d’autres solutions émergent comme le stockage de l’énergie ou les énergies marines renouvelables. Ces techniques « décarbonées » sont de plus en plus performantes et efficaces : des territoires insulaires ou isolés peuvent ainsi avoir accès à une énergie de base stable, verte et non intermittente. La combinaison de ces technologies offre au secteur privé de nouvelles perspectives de développement.
Mais l’innovation permet aussi de concevoir des projets plus globaux d’énergies renouvelables intégrés à leur environnement. Le cas de l’Agrinergie®, développé à la Réunion, est particulièrement représentatif. Elle allie la production d’énergie verte et la culture sous serres. Ainsi, une ferme solaire va favoriser la production locale et promouvoir les filières courtes de produits biologiques qui poussent sous les panneaux photovoltaïques.
Qu’attendent les entreprises du secteur de la COP21, qui sera organisée en décembre prochain à Paris ? Comment l’abordent-elles ?
À l’échelle mondiale, les entreprises attendent que les pays les plus émetteurs clarifient leur position vis-à-vis des énergies renouvelables en prenant des engagements au niveau international. En France, elles attendent que la COP21 provoque une prise de conscience des enjeux climatiques et se traduise par une feuille de route précise, déterminant les attentes et les enjeux vis-à-vis de l’ensemble des filières énergétiques. Le coup de projecteur mondial sur Paris au mois de décembre prochain rend tout ceci possible. La transition énergétique est possible si action publique et initiative privée s’allient. La COP permettra également d’identifier des perspectives de développement sur les marchés émergents et de mesurer l’implication des États en faveur du renouvelable.
En quoi le développement des solutions « décarbonées » et des énergies renouvelables est-il vecteur d’opportunités ?
En France, l’électricité verte représente 20 % de la consommation finale en 2014. L’objectif est d’atteindre 32 % de renouvelable dans le mix énergétique français d’ici 2030, dont environ 40 % pour l’électricité produite ; le potentiel de développement des énergies renouvelables est donc très fort. Certaines technologies aujourd’hui arrivées à maturité comme l’éolien, le solaire ou l’hydraulique sont compétitives avec les énergies fossiles et le nucléaire sur certains territoires. Le renouvelable est donc pour la France vecteur de croissance, de créations d’emplois, y compris à l’international, et d’atteinte de ses objectifs en matière de lutte contre le changement climatique. Dans les Outre-mer, territoires confrontés à l’instabilité de leurs réseaux, le renouvelable apporte de nouvelles solutions comme le stockage ou l’approche multi-technologies qui renforcent la sécurité énergétique.
Les énergies marines sont moins connues que l’énergie solaire ou éolienne mais leur potentiel semble plus important. Comment se positionne la France dans le domaine et sur ce marché encore jeune ?
La France est le 2e espace maritime mondial, avec 11 millions de km². Ses quatre façades maritimes, ses territoires ultramarins et notamment sa zone économique exclusive intertropicale sont de grands atouts. Selon le GICAN, le Groupement des industries de construction et activités navales, les énergies marines renouvelables pourraient représenter 10 % du mix électrique français à horizon 2030, avec une puissance installée de 20 GW. De nombreuses technologies sont développées et expérimentées en France : éolien en mer posé ou flottant, hydrolien, houlomoteur ou énergie thermique des mers (ETM). Pour autant, ces innovations n’ont pas encore abouti à la mise en service de parcs à dimensions industrielles : combiner démonstration opérationnelle et création d’une vitrine pour le succès à l’export de ces technologies est l’enjeu des années à venir.
Laureline Felder
N.B : Les propos et opinions exprimés dans le présent article, qui vise à informer sur les réalités de la France contemporaine, ne revêtent aucun caractère officiel.