Le cimetière français de Keelung
Le cimetière français de Keelung à Taïwan honore la mémoire de plus de sept cents officiers, sous-officiers et soldats morts au combat lors de l’expédition de l’Amiral Courbet en 1884-1885.
Histoire du site
Sur décision du gouvernement français, deux cimetières ont été construits et aménagés entre juin et juillet 1885, en mémoire de l’amiral Courbet et de ses hommes morts au combat : Makung aux Pescadores et Keelung à Formose.
En 1909, le terrain actuel du cimetière de Keelung a été utilisé pour réunir les dépouilles des soldats morts au nord de Formose durant la guerre de 1884-1885 contre l’Empire des Qing. Les 700 marins des troupes françaises qui y reposent étaient originaires de France, mais aussi enrôlés depuis d’autres territoires coloniaux comme l’Afrique du Nord ou l’Asie du Sud-Est. Parmi eux, 120 seraient décédés sur le champ de bataille, 150 de leurs blessures, et les autres auraient été victimes du climat, du choléra et de la fièvre.
Seuls les restes de l’amiral Courbet, chef de l’escadre navale française d’Extrême Orient en 1884-1885, ont été rapatriés en France à sa mort, permettant son inhumation sur sa terre natale le 1er septembre 1885 à Abbeville (France).
Les corps des soldats, les stèles du cimetière de Makung et les cendres de deux soldats français morts et inhumés à Makung aux Pescadores en 1885, le Lieutenant d’infanterie de Marine Louis Jehenne et le Sous-commissaire de la Marine Marie-Joseph Dert, furent transférés au cimetière de Keelung le 27 mars 1954.
Le transfert a été effectué à titre de précaution à un moment de fortes tensions entre les deux rives du détroit, et afin de les réunir aux restes des dépouilles d’autres troupes françaises tombées pendant l’expédition de l’Amiral Courbet en 1884-1885.
Gestion du site
Assumée jusqu’en 1993 par le représentant commercial français à Taïwan, la responsabilité de la gestion du cimetière a été reprise par le secrétariat général de l’Institut français (aujourd’hui le Bureau français de Taipei), avec le concours financier du ministère de la Défense.
C’est en 1997, sur décision ministérielle française, que la propriété, la gestion et l’entretien de ce monument classé historique sont revenus, après accord, à la mairie de Keelung.
Cérémonies annuelles
Ouvert toute l’année au public depuis 1997, le cimetière accueille chaque année deux cérémonies franco-taïwanaises : à l’occasion de la cérémonie de Pudu, au cours du 7e mois lunaire (généralement en août), et les commémorations du 11 novembre, date rappelant l’armistice de la Première Guerre mondiale.
Le comité de quartier de Zhongzheng et la municipalité de Keelung organisent chaque année au cours du mois des fantômes la cérémonie de Pudu au cimetière français de Keelung, à laquelle le Bureau français de Taipei s’associe. Cette cérémonie qui vise à apaiser les « esprits errants » est célébrée en présence de représentants de la municipalité pour honorer la mémoire des troupes françaises de marine tombées au combat.
Par ailleurs, en écho à l’hommage rendu chaque année le 11 novembre sur l’ensemble du territoire français et dans les représentations publiques françaises à l’étranger à tous les anciens combattants morts pour la France, le Bureau français de Taipei organise une commémoration sur le sol taïwanais, depuis l’arrivée en 1993 du premier représentant mandaté par le ministère des affaires étrangères, M. Jean-Paul Réau, en collaboration avec « le Souvenir français », et ces dernières années, avec des élèves de la section française de l’Ecole Européenne de Taipei (TES).
Témoin d’une sombre page de notre histoire commune, et des antagonismes qui l’ont marquée, ce cimetière constitue désormais un lieu de mémoire et de recueillement, une démonstration concrète d’amitié et de réconciliation entre Taïwan et la France.
En images
Retrouvez ci-dessous quelques clichés pris lors des deux cérémonies organisées au cimetière ces dernières années :